Clavel KAYITARE

HANDISPORTIF DE HAUT-NIVEAU DEPUIS 2002

Dans le cadre de la convention signée entre la Fédération française Handisport et le FIPHFP, un jobdating a été organisé le 23 novembre dernier afin de permettre une rencontre de qualité entre les licenciés handisportif en recherche d’emploi et des employeurs de la région Ile-de-France.

L’occasion de rencontrer Clavel Kayitare, handisportif de haut niveau depuis 2002 venu partager son expérience.

 

Comment êtes-vous devenu handisportif de haut niveau ?

Je suis originaire du Rwanda, lors des évènements de 1994 j’ai perdu l’usage de mon genou, le cartilage ayant été détruit par les éclats d’une grenade. Donc depuis l’âge de 8 ans, je ne peux plus plier le genou. Je suis arrivé en France pour être soigné et j’ai continué ma scolarité ici jusqu’au jour où j’ai été repéré par un éducateur sportif dans mon lycée à Vaucresson qui mélange valides et personnes en situation de handicap. Je suis entré en équipe de France à l’âge de 16 ans en athlétisme avec une spécialité sur le 100 m et le 200 m. J’ai remporté plusieurs médailles aux championnats d’Europe, championnats du Monde et j’ai participé aux Jeux Paralympiques d’Athènes, de Pékin et de Londres.

Le sport a été pour moi une forme de thérapie, au-delà des médecins qui m’ont accompagné, dès que j’arrive dans un stade, tout le reste disparait.

 

Comment arrivez-vous à concilier vos activités sportives et votre activité professionnelle ?

Hormis quelques sportifs de haut niveau qui sortent du lot, c’est essentiel pour tout sportif de réfléchir à comment concilier son sport et vivre sa vie personnelle, il faut donc travailler en parallèle.

Je travaille depuis 10 ans à la mairie de la Garenne-Colombes en tant qu’éducateur sportif, j’interviens dans les écoles et je peux ainsi transmettre mon expérience aux jeunes générations. Je détecte à mon tour les potentiels qui sont sélectionnés en équipe de France : pour moi, j’ai réussi ma mission et la boucle est bouclée !

Je peux concilier ce travail avec ma vie d’athlète grâce au dispositif CIP* (convention d’insertion professionnelle) qui permet d’avoir un temps de travail aménagé en fonction de mes obligations sportives.

J’ai eu de la chance car mon handicap n’a jamais été un frein dans mon travail, au contraire les parents sont fiers que je travaille avec leurs enfants, pour eux c’est une leçon d’ouverture d’esprit, une ouverture vers l’autre, une ouverture vers la différence, car la différence fait la force du groupe. Il y a même des enfants qui ne se rendent pas compte de mon handicap, pour eux c’est transparent. Et pour les collègues, ils ont vu l’athlète de haut-niveau et non le handicap.

 

*CIP = il s’agit d’une convention entre l’employeur et le Ministère des Sports pour une politique générale d’insertion des sportifs de haut-niveau, le statut haut-niveau est obligatoire. L’athlète fournit un calendrier prévisionnel validé par la Direction Technique Nationale. Pour les jours négociés dans l’aménagement, le sportif continue à toucher son salaire, la contrepartie (quand elle est possible) étant versée directement à l’employeur.

 

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

 

Je suis en train de passer le brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport en VAE (Validation des Acquis par l’Expérience). J’aimerai bénéficier d’une mobilité pour rejoindre ma compagne dans le sud de la France, pouvoir poursuivre ma carrière de sportif et continuer à promouvoir le sport auprès des jeunes.